Ce mardi 13 juin, la CAF de Charente a invité Marie Vergnon pour aider à mieux appréhender ce qu’est le CLAS, tout en pointant ses paradoxes.
Marie Vergnon est maître de conférences en sciences de l’éducation à l’université de Caen Normandie depuis 2015. Ses travaux de recherche portent, notamment, sur l’histoire des idées pédagogiques dans et hors de l’école, les grands pédagogues et penseurs de l’éducation.
Les CLAS, ce sont des Contrats Locaux d’Accompagnement à la Scolarité, un dispositif de plus de 20 ans ! Il y a 23 porteurs de projets en Charente parmi lesquels beaucoup de centres sociaux !
Une question de justice sociale
Le système scolaire français est inégalitaire. Malgré de nombreux moyens mis pour combler cet écart, les multiples dispositifs ont des difficultés à remettre en place l’ascenseur social.
Pour reprendre l’expression de Bourdieu, le capital culturel de la famille se transmet souvent d’une génération à l’autre. Et beaucoup de parents sont désintéressés des affaires scolaires car ils ne sentent pas autorisés à rentrer en contact avec les enseignants.
Le CLAS, c’est pas la classe !
Il y a une tension entre la classe et le CLAS. Souvent, l’aide aux devoirs est la colonne vertébrale des CLAS. Quels sont les objectifs de chacun ? Quels sont les territoires de chacun ? Quelles sont les représentations que les enseignants ont des animateurs, et inversement ? Où les gens se rencontrent-ils pour penser ensemble un projet éducatif ? Quelles sont les complémentarités entre la multitude des dispositifs ?
Quelles sont les dimensions utiles aux apprentissages scolaires ?
Comme disait Freynet : « on ne donne pas à boire à un cheval qui n’a pas soif ! ». Au fond, la question est de donner aux enfants, l’envie d’apprendre en partant des centres d’intérêts des enfants.
Trois orientations d’actions complémentaires ont pu être observées :
- Aide aux apprentissages dans l’accompagnement méthodologique et la reprise : aide aux devoirs avec un soutien méthodologique (pôle scolaire). Se connaitre en tant qu’apprenant : comment j’apprends le mieux ? On n’apprend pas de la même manière
- Ouverture ludique, culturelle et sportive pour tendre vers un plaisir d’apprendre : logique du détour, apprendre à apprendre, aider l’enfant se forger un projet éducatif. En cela, les jeux de société sont très efficaces ! Ce sont des formes non scolaires de savoirs !
- Médiation vers la culture scolaire (rapport à l’école, à l’apprendre et aux savoirs des enfants et des familles). Pour développer et maintenir une envie d’apprendre, les enfants doivent faire des expériences positives pour goûter à la « saveur des savoirs ».
La question épineuse des devoirs !
Dans le plus grand nombre de cas, on remarque que l’objet d’un CLAS devient la réalisation des devoirs.
C’est une attente forte de la part des parents mais aussi, parfois, de certains enseignants. Et des CLAS s’appellent même, dans certains cas, « l’aide aux devoirs ».
Or, les animateurs ne sont pas formés sur cette question. Il y a même un risque que l’animateur se mette en difficulté.
Un rappel : selon une loi de 1956, il est interdit de donner des exercices individuels à faire à la maison.
Une proposition : penser ensemble, enseignants et animateurs, et pourquoi pas même, cette question des devoirs.
On peut utiliser les devoirs de l’enfant pour mettre au travail :
- Le relationnel et le bien être (assurer des feed back)
- La question du matériel
- Les contenus scolaires
- Les méthodes de travail
Des pratiques pédagogiques des CLAS
On peut identifier 3 types (qui peuvent être complémentaires) :
- Transmission des activités menée en relation à des pratiques sociales de référence (découverte, ouverture culturelle, en lien avec des partenaires)
- Approche moins formelle de l’éducation (ateliers ludiques)
- Approche plus informelle, de détente ! Laisser du temps libre pour les enfants.