En présence de Laurent OTT (Philosophe praticien – Interméde Robinson), plus de 130 personnes ont répondu présents pour cette soirée autour du Aller Vers les Charentais et les Charentaises.
Après l’ouverture des Assises par Mme SAVA-FUSELIER, Directrice Adjointe de la CAF de Charente, les participants ont tenté individuellement puis collectivement de caractériser l’Aller vers.
Les mots lien social, proximité, rencontre, écoute et démarche ont été plébiscités individuellement alors que collectivement les mots retenus sont lien social, écoute et posture.
Les institutions ont défini elle aussi l’aller vers : https://youtu.be/ZtlvZStBPjM
Laurent OTT a ensuite posé le cadre d’intervention de son association autour du aller vers , dont voici les principaux éléments :
- « Les pauvres ont peu, les précaires ont peur »
- Les trois types d’aller vers :
- « Accueil passifL’accueil était partout. Mais c’était un accueil passif, un accueil « de réception ». On imagine le public et le bénéficiaire comme « réalisant le premier pas ». L’accueil est une réponse pour les institutions classiques .L’accueil est alors vu comme une sorte d’assentiment à la rencontre et à la venue des personnes; au mieux une confirmation qu’elles ne se sont pas trompées d’adresse. Par sa passivité , l’accueil traditionnel est un accueil qui « garde la main » sur les lieux, les temps, les déroulements. On accueille certes, mais on accueille « chez soi »; on a la maîtrise. L’hospitalité , ça donne du pouvoir , pas seulement des devoirs.
Bien évidemment, cela n’a pas suffi. L’accueil passif n’apporte aucune attraction, et ne répond finalement qu’à peu de problèmes. Qu’importe que vous soyez bien accueillis, si cet accueil même ne mène à rien? On découvre alors que l’accueil, cela peut être aussi de la mise à distance. Chacun n’est-il pas signé à sa place? On a vu en effet tellement de dispositifs filtrer leurs publics, conditionner leur ouverture, limiter leur réceptivité…au nom de l’accueil. On a bâti des barrières qu’on a appelées « accueil » et nous avons même vu des antennes d’aide sociale disparaître ou s’éloigner géographiquement pour devenir des « structures de proximité ».Qu’est-ce que l’accueil si ce n’est pas toute la structure justement qui est accueillante? Qu’est-ce que la proximité, si ce n’est pas toute l’action qui est proximale? Consacrer de maigres ressources à l’accueil n’est-ce pas en retour dispenser l’institution tout entière et ses pratiques d’être réellement dans le contact et la relation? Nous savons combien il est facile dans une institution de désigner un « médiateur » ,un « facilitateur », « un ambassadeur », une personne « de contact », pour permettre justement à tout le reste de jouir de la distance.
- Accueil actif:Il fallait un second degré de l’accueil; et c’est l’accueil actif ». Cet accueil actif, ce serait un peu ce que devient l’accueil pour l’Éducation nouvelle. C’est le contraire de cet « accueil passif » qui caractérise l’Éducation et la pédagogie traditionnelles .Des pratiques plus entreprenantes d’accueil se sont développées; dorénavant, on va « au devant » des publics. On prend sur soi la distance qui les sépare des institutions. On « sort », on fait du « en dehors », de la rue, du quartier, du pied de bâtiment. C’est toute une mise en scène , toute une mise en avant de l’institution qui investit provisoirement les espaces publics. Le but est de se rendre visible, de prendre contact , de rajeunir, d’embellir, et de renouveler son image. En un mot de se faire connaître et de donner envie. Les formes d’accueil qui en résultent et les pratiques qui vont avec son plus intrépide ; elles mettent en difficulté les acteurs et les professionnels le plus traditionnels . Elles représentent un progrès, une conquête par rapport aux pratiques majoritaires actuelles. On parle de nouveaux mots, de nouvelles modes: « Empowerment », « Développement du pouvoir d’agir », « Aller vers… » Mais cette forme d’accueil qui « va au devant » a , elle aussi, ses propres limites. Pourquoi donc, sort-on? Est-ce dans l’espoir de ramener les publics perdus vers les institutions? Quelle est la finalité des liens sociaux qui sont ainsi créés? Comment passe-t-on du lien social, du vivre-ensemble, au « faire ensemble »?
- « Accueil passifL’accueil était partout. Mais c’était un accueil passif, un accueil « de réception ». On imagine le public et le bénéficiaire comme « réalisant le premier pas ». L’accueil est une réponse pour les institutions classiques .L’accueil est alors vu comme une sorte d’assentiment à la rencontre et à la venue des personnes; au mieux une confirmation qu’elles ne se sont pas trompées d’adresse. Par sa passivité , l’accueil traditionnel est un accueil qui « garde la main » sur les lieux, les temps, les déroulements. On accueille certes, mais on accueille « chez soi »; on a la maîtrise. L’hospitalité , ça donne du pouvoir , pas seulement des devoirs.
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- Accueil créatif: En Pédagogie sociale, on ne peut pas se contenter d’un accueil, même « proactif ». On se tourne vers un accueil qui appelle un lendemain; on favorise une forme d’accueil qui FONDE des relations, , qui initie, entreprend, crée et dure. Nos accueils sont des occupations de terrain pour s’y installer ENSEMBLE ; ce sont des temps qui sont investis pour durer. Nos accueils sont ritualisés et promis. On peut compter dessus, on peut bâtir dessus. Nos accueils sont partagés, ouverts sur l’inattendu . Ce qui rend cette forme d’accueil, proche de ce que Derrida nommait « hospitalité », c’est la perte de pouvoir et de contrôle sur l’environnement que cette démarche suppose. Il s’agit de rejoindre et ce n’est que lorsqu’on rejoint … qu’on peut réellement « être ensemble ».
- L’imprévu est possible si et seulement si l’équipe est très organisée (Cadre de sécurité)
Nos associations ne sont pas en reste et ont présenté 10 actions de l’Aller Vers sur 5 thématiques différentes :
Animer des temps conviviaux dans l’espace public (Terrain d’aventure –Aserc/ Soirée jeune -Ailan)
Faciliter l’accès aux droits des personnes qui en sont le plus éloignés (aller vers – Chemin du Hérisson et Familybus –Envol)
Animer du débat public (Triporteur débat – ALPR et Conseil d’administration hors les murs-les alliers)
Être en veille sur le territoire accueil déporté (MDH et PASIP –Accolades et Conseil Départemental)
Communiquer sur son Association se faire connaitre (Méli-Mélo et Blabla Smoothie –Effervescentre et Fête des Solidarités CS Barbezieux)
Laurent OTT a ensuite répondu aux questions de l’assemblée avant que Mr Thibaut SIMONIN (Vice-président du Conseil départemental) puis la FCOL, l’UDMJC et la fédération des centres sociaux concluent ces assises.
Des Sourires, du travail collectif, une approche de l’aller vers …
Rendez-vous pour une formation de 4 jours sur cette thématique avec Laurent OTT pour 35 professionnels du territoire.